AME MALIENNE de YZA
AME MALIENNE
L’espace de nos bras
S’est écarté
De ce qu’il faut pour y loger
L’enfant
Qui verra les moissons futures
L’ancien
Qui a fait de sa vie
L’offrande de toutes les moissons de la terre.
Le faiseur de pluie
Par qui le soleil trace son chemin
Sur la vie
D’avant et d’après nous
L’enfant à la couleur des rêves authentiques
Son château de sable
Parfume de rêves nos raisons
Son pas trébuchant
Nous rend attentifs à la course du sang…
Encore plus que nous
Il puise sa force à la source vive du temps
La route défile
L’ami qui s’en vient
Ressemble à l’ami qui s’en va
Juste plus riche des mots reçus
Et échangés
Ses cheveux blancs
Baumes sur nos blessures
Sa parole calme
Cautère sur les plaies de nos âmes
Pour qui a su l’entendre
Sa prière accompagne
Nos gestes au quotidien
Quand nos bras se penchent
Pour porter l’enfant
Au bout de nos espérances
Derrière la parole de l’homme
Un soleil africain
Absorbe l’hydromel du ciel
Fait danser l’enfant
Au sein de sa mère
Comme les corris au fond des calebasses
Enflamme la voix des griots
Rend le tam-tam insomniaque
Et la fille nubile laisse ruisseler la sueur
Entre ses seins de vierge
A la saison des pluies
La fécondité accomplie
Son œuvre éternelle
L’enfant noir ignore tout de nos félicités sucrées
Mais il connaît le prix de l’eau
Le goût du lait sur sa langue
Chaque pierre est son jardin
Le désert la route qu’il apprivoise
Le bébé endormi sur les reins de sa mère
Connaîtra trois langues
Il vendra au marché le fruit de sa pêche
Ou la pierre de sel des hommes du désert
Qui donne le goût à la vie
Les mains de la femme retiennent la vie
Et l’eau qui chauffe sur les pierres
Elle porte sa richesse sur la tête
Son avenir dans son ventre
Couleurs primaires véhiculées par les étoffes
L’arabesque du verbe illumine le regard
Chanter est de mise
Pour les pierres les dieux et les hommes
Le rythme est nécessaire au pilon qui écrase le grain
Homme ton cœur
Ton souffle
Et tes mains
Rythment le temps
Il monte de la terre et grouille vers le ciel
Ton ivresse à l’odeur des corps qui dansent
Sueur et sang mêlés
Des chevilles blessées au métal des grelots taillés
Dans le fer blanc des conserves
La nuit frémit d’étoiles
De l’enfant à l’homme aux cheveux blancs
La vie jaillit fébrile
Amour intemporel !
Yvette Vasseur (YZA)