HYMNE AUX VIVANTS de Mary G. Tardrew
Les peupliers de joie s’éveillaient sous la brise
Feuilles dansant sans bruit comme flocons de neige
Offrant au soleil d’or les faces qu’il irise
Glissant sur les destins dessinés en noir-beige
Et puis traînant leurs pas sur des chemins étroits
Entre granit et ciel entre ravins et ronces
Entre vents et éclairs debout couchés ou droits
Les témoins du passé s’alignaient en quinconce
Dans un flou de brouillard et dans l’incertitude
D’un trait inachevé effacé par hasard
Vous tous les pantins morts baignant de solitude
Les preux et les méchants les toujours en retard
Les tristes ou joyeux les maigres ou les gros
Les jeunes ou les vieux les affreux ou les beaux
Qui piétinez le vent sur des chevaux de trot
Attelés au néant par des rubans de peaux
Faites que les Vivants oublient votre passage
Qu’ils ouvrent leurs regards sur les champs d’avenir
Et moissonnent le temps inscrit sur le tissage
De leur tranche de vie et des jours à venir
Faites que les jardins pointillés de couleurs
Des arbres et des prés des rochers des maisons
Avec le bleu du ciel et l’éclat de cent fleurs
Restent le lieu béni de nos quatre saisons
Et que les Morts soient morts jusqu’à l’éternité
Pour laisser aux Vivants le temps de s’abreuver
Aux jouvences de Paix et de Maternité
Avant que le mot FIN ne vienne à s’achever