Le prisonnier de Xavier-Silvio Barbera
LE PRISONNIER
Meurtri, lassé, selon le ballet flou des eaux,
Rude soleil éteint, derrière les barreaux ;
Au fond d'un maléfice aussi cruel que dense.
Ce froid lien l'enchaîne aux murs du châtiment.
Toutefois son cœur pur lui rend l'âme en colère,
Dont l'âpre Liberté semble le corollaire,
Au sein d'une douleur que cache un soir clément.
Pourquoi ce chagrin le submerge,
Impérieux tel l'intrigant ?
Pourquoi ce ressac de brigand
Gronde et si généreux, l'héberge ?
Il réprime un suprême et violent sanglot :
– Ô larme, en toi serait l'unique dialogue ! –
Son œil poursuit l'azur, vers le Beau Large vogue,
Et surpasse d'un bond les lames au galop...
En sa tête frémit mainte image touchante,
En lui le souvenir brille, brûlant miroir,
Oh, que ce doux parfum, son plus secret tiroir !
Le regard de jadis l'accompagne et l'enchante.
Pourquoi ce torrent noir de pleurs
L'inonde ainsi jusqu'à sa gorge,
Crépitant tel un feu de forge ?
Pourquoi déteste-t-il les fleurs ?
Xavier-Silvio Barbera